Louis-Philippe Bovard

Louis-Philippe Bovard, le Monsieur des vins du Lavaux.

Louis-Philippe Bovard représente la dixième génération à la tête du domaine familial. Depuis 1983 le vigneron travaille à mettre en avant les qualités organoleptiques du cépage Chasselas. De ce raisin destiné autrefois aux » vins de soif », Louis-phillipe Bovard en fait une cuvée haut de gamme. La cuvée de la Médinette, Grand cru du Dezaley est ainsi née. Le domaine fait partie de ces avant-gardistes qui ont cru dans le potentiel du Chasselas et dans sa capacité à vieillir.

Le Domaine Louis Bovard travaille à la mise en avant et à la préservation de ce cépage lémanique. En 2010 3’000 m2, sur les hauteurs de Rivaz, sont mis à disposition par le domaine pour aider la recherche. Les 19 variétés de Chasselas existantes y sont alors plantées pour créer le Conservatoire Mondial du Chasselas.

Depuis 1983 Louis-Philippe Bovard n’a cessé de prôner les qualités des vins du Lavaux et en particulier celles du Chasselas.

Aujourd’hui, sans héritier pour reprendre le domaine, le vigneron a pris la décision de remettre à la recherche ses parcelles de vignes dans le Lavaux. Elles serviront à la recherche mais aussi à formation et à la préservation des ces terroirs uniques et bien-sûr du Chasselas.

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Monsieur Bovard nous accueille sur les rives du Léman, à Cully. Devant un panorama magnifique offrant une vue imprenable sur les vignes du Lavaux.

Le cadre est idéal pour remonter l’histoire du Chasselas. Car l’origine de ce cépage serait l’arc lémanique et les premières traces dateraient de près de 2’500 ans !

Le Chasselas est mentionné pour la première fois dans des écrits datant du XVIe et XVIIe siècle.  On le situe alors en Allemagne, en Bourgogne et sur l’arc lémanique. Puis sous Louis XV on retrouve sa trace à Fontainebleau comme raisin de table.

C’est en 1242 que l’évêque de Lausanne,  Guy de Maligny, donne les terres du Dézaley au couvent de Montheron. Durant deux siècles les moines du couvent de Montheron aménagent des terrasses avec des murs en pierres pour y cultiver le Chasselas. Ces terrasses s’étendent aujourd’hui sur 30 km le long des rives du lac Léman. Ces 40 étages de terrasses plongeant dans le lac sont depuis juin 2007  classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le Chasselas a la particularité de laisser s’exprimer le terroir sur lequel il évolue. Cette transparence permet d’apprécier les typicités de chaque appellation que nous offre le Lavaux. L’histoire géologique est très riche ce qui donne une diversité incroyable d’une appellation à l’autre. Sur ces 30 km de vignes on peux trouver des sols composés d’argile, de molasse, de calcaires, de marnes rouges (Montreux), de poudingue (Dezaley), de grès… Une composition diversifiée qui donne des sols plus ou moins louds, drainant plus ou moins l’eau et  influenceant grandement les arômes du vin.

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Le Domaine Louis Bovard s’étant sur 18 ha dans les terrasses du Lavaux. On peut ainsi avoir une large palette de terroirs et comparer les différences organoleptiques d’une parcelle à l’autre.

Un exercice que Louis-Philippe Bovard nous invite à mettre en pratique ici :

Les vins du domaine sont élevés dans des foudres, à la bourguignonne. C’est à dire élevés sur les lies et bâtonnés. Ce processus apporte plus de matière et de gras  aux vins.

Et c’est le millésime 2016 qui nous sert de référence pour la comparaison des terroirs.

img_0928.jpgVillette :  La texture du sol de Villette est moyenne à lourde et argilo-calcaire. Les vignes sont exposées au Sud-Ouest.

Cuvée « Fraidieu » :Le nez présente des arômes plutôt fruités, de fruit blancs comme la poire. A l’aération des notes plus minérales de calcaire ressortent. En bouche le vin présente une légère perlance. On retrouve bien la minéralité du vin et la finale offre une belle amertume de pamplemousse.

Saint-Saphorin : Le sol de Saint-Saphorin est plus argileux en profondeur et molassique à la surface. Le foehn souffle sur cette région et permet d’avoir un climat un peu plus chaud.

Cuvée « Le Méridien » : Au nez les arômes sont un peu plus végétals avec des notes de tilleul. Les agrumes sont aussi présents comme le citron jaune ou le pamplemousse. En final on retrouve une belle amertume qui accompagne la minéralité du vin.

Epesse : La texture du sol à Epesse est moyenne à lourde. Jusqu’à 1m de profondeur le sol est composé de grès-marneux .

Cuvée « Terre à boire » : Le nez est très floral, des fleurs blanches ressortent comme l’acacia. L’attaque est plus gourmande, sur les fruits mûrs comme la mirabelle. Une légère perlance apporte de la fraîcheur au vin. La finale, élégante, est de nouveau marquée par l’amertume et la minéralité.

img_09341.jpgCalamin : L’appellation Calamin est un AOC Grand Cru compris dans l’appellation d’Epesse. Ce cru cadastré est composé de moraines molassiques.

Cuvée « Ilex » :  est une cuvée qui est élevé 3 ans en barrique. Il n’a pas fait de fermentation malolactique ce qui lui confère une plus grande acidité. Le nez est très floral, on retrouve l’acacia mais aussi le jasmin. A l’aération on trouve des notes minérales faisant penser à des pierres juste mouillées par la pluie. La bouche est plus marquée par le fruit  comme la pêche blanche. Et la minéralité revient en rétro olfaction.

Dezaley : Le sol du Dézaley est très typique. Il se compose de poudingue, un agglomérat de petites pierres cimentées entre elles. Ce terroir d’excellence est cadastré et classé Grand Cru depuis 1941. Les vignes sont exposées au  Sud Sud-Ouest.

Cuvée « Grand cru Dezaley Bovard » : On ressent que ce vin à besoin de vieillir encore pour donner tout son potentiel. Le nez, déjà complexe, est plutôt fermé. Les arômes de citron jaune, de pamplemousse ressortent. On ressent aussi la minéralité du vin avec cette odeur particulière de pierre à feu. Mais des notes lactiques dus à la fermentation malo-lactique ressortent et nous rappellent que le vin a besoin de vieillir encore pour s’affiner. La longueur en bouche et l’amertume typique de ce vin tend à prouver que son potentiel est grand !

Cuvée Grand Cru du Dezaley « La Medinette » : On arrive ici à la cuvée gastronomique de Chasselas créée par Louis-Philippe Bovard dans les années 80′. Une cuvée qui a révolutionné la dégustation du Chasselas !! Le nez est lui aussi assez fermé mais laisse présager d’un grand vin. Les arômes sont plus minéraux et végétaux que sur le précédent. On retrouve le tilleul, mais aussi ces odeurs de pierres mouillées. La bouche est toute en délicatesse, et révèle des notes d’agrumes et de fruits blancs. On sent un réel potentiel dans ce vin qui est dégusté ici trop jeune.

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Cuvée Grand Cru du Dézaley « La Médinette » 2007 : C’est une vraie chance de pouvoir apprécier un grand Chasselas ayant vieilli 10 ans. Il nous est servi en carafe pour l’aider à s’ouvrir. Le premier nez est marqué par l’ananas et le miel. A l’aération des notes oxydatives ressortent avec la noix et le safran. En bouche on retrouve la noix mais aussi le coing et des pointes d’épices exotiques. La longueur en bouche est incroyable, c’est un vin d’une grande complexité, qui a beaucoup à dire…

 Visites le site du domaine Louis Bovard pour en savoir plus : Domaine Louis Bovard

Découvres un autre cépage suisse : Le Gouais

Yanna Delière